Le licenciement d’un salarié associé : spécificités juridiques

Le licenciement d’un salarié associé : spécificités juridiques

Publié le : 19/05/2025 19 mai mai 05 2025

Dans certaines sociétés, les fonctions exercées au quotidien par les associés les conduisent à cumuler un mandat social ou une qualité d’associé avec un contrat de travail. Ce cumul crée en pratique une situation hybride, à l’intersection du droit des sociétés et du droit du travail.
Ainsi, lorsqu’un salarié est également associé, le licenciement dépasse le seul cadre de la relation contractuelle de travail et soulève des questions plus larges : maintien dans la gouvernance de la société, confidentialité des informations, loyauté entre associés, voire cession forcée des titres détenus.

 

Cumul des qualités de salarié et d’associé : un cadre juridique encadré


L’associé salarié cumule deux statuts au sein de la même entreprise : celui de salarié, régi par le Code du travail, et celui d’associé, régi par les dispositions du Code de commerce et les statuts de la société.

En pratique, il participe par conséquent à la fois à la création de valeur et à la détention du capital.

Un tel cumul n’est toutefois admis que si un véritable lien de subordination peut être établi, et est à ce titre exclu en cas de détention majoritaire du capital, de fonctions de direction effectives, ou encore lorsque les statuts s’y opposent expressément.
En effet, la double casquette crée une tension entre deux obligations de loyauté distinctes, ce qui justifie une vigilance accrue sur les conditions du cumul.

 

Effets du licenciement sur la qualité d’associé


Le licenciement met fin à la relation de travail, sans remettre en cause automatiquement la qualité d’associé, et en l’absence de clause contraire, l’ancien salarié peut donc continuer à participer aux assemblées générales, à voter, voire à percevoir des dividendes.
Une situation régulièrement source de litige, notamment dans les petites structures où les enjeux de confidentialité et de gouvernance sont particulièrement sensibles.

Pour prévenir ce type de conflits, les statuts ou les pactes d’associés prévoient parfois une clause de rachat forcé des titres, laquelle a pour effet en cas de licenciement, que l’associé salarié soit tenu de céder ses parts à la société ou aux autres associés.
La validité de ces clauses repose sur leur rédaction précise et leur conformité au principe de liberté contractuelle entre associés, en plus de respecter les règles du droit du travail pour ne pas constituer une sanction déguisée à l’égard du salarié.

 

Une procédure de licenciement sous vigilance renforcée


Sur le plan du droit du travail, la procédure de licenciement obéit aux règles habituelles : existence d’une cause réelle et sérieuse, respect de la procédure contradictoire, notification motivée, à la spécificité près que la qualité d’associé du salarié impose une attention particulière à la justification du motif.

Le salarié associé, souvent mieux informé sur les pratiques de l’entreprise et disposant d’un accès à certains documents internes, est potentiellement mieux armé pour contester son licenciement. De plus, s’il détient une influence dans les décisions stratégiques ou une part significative du capital, la validité même du contrat de travail peut être contestée en raison d’un lien de subordination insuffisamment caractérisé.

Un point qui est régulièrement soulevé devant les juridictions prud’homales.
 

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